Revue de presse rédigée par Laurent Frichet
TSAVO PRESSE
Le Figaro
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« Tabac : pourquoi est-il si difficile d'arrêter ? »
Cécile Thibert remarque en effet dans Le Figaro : « Pourquoi continuons-nous à consommer sciemment et massivement un produit mortel ? La réponse tient en partie en 8 lettres : nicotine ».
La journaliste explique qu’« en se fixant à des récepteurs présents à la surface des cellules, cette molécule est capable d’activer le circuit de la récompense ». Le Pr Henri-Jean Aubin, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, indique ainsi que « la plupart des animaux vertébrés ont dans leur système nerveux central ce mécanisme qui repère, apprend et valorise les comportements qui augmentent les chances de survie. Les drogues telles que la nicotine parviennent à tromper le cerveau en piratant ce système de récompense ».
Cécile Thibert ajoute que « certaines personnes, désavantagées par leurs gènes, y sont plus sensibles que d’autres ». Uwe Maskos, chercheur à l’Institut Pasteur, coauteur d’une étude qui vient de paraître dans Current Biology, précise : « Elles doivent consommer davantage de nicotine pour pouvoir activer leur système de récompense et elles rechutent plus facilement après une période d’abstinence ».
La journaliste explique qu’« en accaparant le circuit de la récompense, la nicotine bouleverse profondément les comportements des fumeurs », Philippe Faure, neurophysiologiste et directeur de recherches au CNRS, remarquant qu’« on parle alors d’addiction, qui est aussi un processus de perturbation de la prise de décision s’accompagnant d’une automatisation des comportements de consommation et d’une perte de contrôle. Chaque fois que vous fumez, la nicotine active le système de récompense ; c’est la répétition de ces activations qui installe le processus l’addiction ».
Le Pr Aubin ajoute qu’« entre 2 cigarettes, les personnes vont moins bien sur le plan de l’humeur et des performances cognitives. À chaque fois qu’ils reprennent une cigarette, cela les soulage de ce déficit ».
« Ainsi, alors que les fumeurs pensent que le tabac les aide à gérer leur stress, la réalité est qu’il dégrade leur qualité de vie psychologique », continue Cécile Thibert.
La journaliste souligne en outre que « l’addiction à la nicotine entame considérablement le libre arbitre ». Philippe Faure indique que « lorsque l’on est sous l’emprise d’une drogue, les systèmes de contrôle perdent de leur force. Les gens savent pertinemment que fumer n’est pas bon, mais lorsqu’ils en ressentent l’envie, l’effort qu’ils doivent fournir pour contrôler l’impulsion est beaucoup trop important ».
Cécile Thibert souligne enfin que « la motivation est l’un des pivots essentiels dans l’arrêt du tabac ». Le Pr Aubin explique : « D’une part, il faut être capable d’évaluer l’importance que l’on donne à l’envie d’arrêter de fumer, analyser ce que l’on y perd et ce que l’on y gagne. D’autre part, il faut avoir confiance en sa capacité à changer son comportement ».
« Cette motivation peut être renforcée par l’entraide, sur le principe du « Mois sans tabac » qui a lieu en ce moment et qui propose aux fumeurs des groupes de discussion sur les réseaux sociaux. Et quand cela ne suffit pas, comme c’est souvent le cas, il existe d’autres moyens efficaces sur lesquels les fumeurs peuvent s’appuyer : les thérapies cognitivo-comportementales, les traitements nicotiniques de substitution, les médicaments d’aide au sevrage ou encore la cigarette électronique », poursuit la journaliste.
Le Pr Aubin ajoute que « surtout, il faut leur répéter quels sont les bénéfices liés à l’arrêt du tabac. On ne dit pas assez qu’au bout de quelques semaines, l’état mental s’améliore considérablement. Sans parler de la santé cardiaque et pulmonaire ».