« Le cancer du poumon explose chez la femme »
Le Figaro
Delphine Chayet remarque dans Le Figaro qu’« en 2015, le cancer du poumon tuera plus de femmes en Europe que le cancer du sein. Ce sombre pronostic est issu de projections publiées dans les Annals of Oncology », effectuées par le Pr Carlo La Vecchia (université de Milan). La journaliste note ainsi que « l'étude menée par des chercheurs suisses et italiens prédit une baisse générale de la mortalité par cancer sur le continent, mais confirme l'augmentation continue des décès féminins liés aux tumeurs pulmonaires. En 2013, 82.000 Européennes mourront d'un cancer du poumon et 88.000 d'une tumeur du sein ».
« À un horizon proche, ces courbes vont cependant se croiser et le cancer du poumon deviendra la première cause de mortalité par cancer chez la femme sur le continent. Un phénomène qui s'observe déjà aujourd'hui au Royaume-Uni et en Pologne », poursuit Delphine Chayet, qui rappelle que « la survie après un cancer du poumon est de 15% seulement à 5 ans ».
Catherine Hill, épidémiologiste à l'Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), observe que « comme toujours, on remarque avec 40 ans de retard les dégâts causés par le tabagisme. Les jeunes femmes qui ont commencé à fumer en masse dans les années 1970 atteignent aujourd'hui un âge où le risque de cancer est élevé ».
Delphine Chayet explique que « les chercheurs ont étudié le taux de cancer dans les 27 pays de l'Union européenne, avec un focus dans 6 pays - France, Allemagne, Italie, Pologne, Espagne et Royaume-Uni. Selon leurs estimations, environ 1,3 million d'Européens mourront d'un cancer en 2013 ».
« Chez les hommes, le cancer du poumon est déjà la principale cause de décès en Europe, mais leur taux de mortalité a diminué de 6% depuis 2009. Chez les femmes au contraire, la mortalité augmente. En France, on évalue à 73.000 le nombre de décès attribuables au tabac, dont 14.000 chez les femmes (contre 4.000 dix ans plus tôt) », précise la journaliste. Le Pr Yves Martinet, président du Comité national de lutte contre le tabagisme, relève que « cette mortalité est le résultat des stratégies mises en place dans les années 1930 par l'industrie du tabac pour conquérir le marché féminin ».
Delphine Chayet note en outre qu’« au Royaume-Uni, où le tabagisme féminin était parmi les plus élevés d'Europe, la consommation des dernières générations de femmes a connu une forte baisse. […] «La France va au devant d'une véritable catastrophe sanitaire», s'alarme de son côté Agnès Buzyn, présidente de l’Inca, qui déplore une reprise du tabagisme, notamment chez les jeunes Françaises, après la baisse de la prévalence des années 2000 à 2005 ».
Extrait de la Revue "MediScoop" de Laurent Frichet